Dans les auberges
parisiennes
on sert maintenant très souvent
un plat qu'autant quil me souvienne
on y voyait jamais avant.
Ce plat qu'on fabrique en série
et qui semble plaire à tous
nous est arrivé d'Algérie
et ça s'appelle "le couscous".
Je ne sais pas ce qui se passe
mais j'ai l'impression que ce plat
(la sauce n'est pourtant pas trop grasse)
me reste un peu sur l'estomac
Car sans être un vrai plat de riche,
étant même accessible à tous
avec son mouton et ses pois chiches,
II nous revient cher ce couscous !
Pour en obtenir la recette,
songez qu'on y envoya Bugeaud.
Il y laissa quelques casquettes,
quelques zouaves et quelques chevaux.
Il y trouva des lions, des moustiques,
des figuiers et pas mal de cailloux.
Beaucoup de gens y bouffaient des
briques du moins pas souvent de couscous.
Dans ces contacts entre deux races,
l'un donne à l'autre ce qu'il a,
c'est un échange qui se passe.
Nous, nous apprîmes à ces gens-là,
à lire, à cultiver la terre,
la médecine et la loi pour tous.
Eux, la seule chose qu'ils savaient faire,
ils nous ont appris le couscous.
Dès lors pendant 130 années
des Français vinrent en bateaux,
avec eux des villes sont nées,
des vignobles, des hôpitaux.
Puis quand le Pays fut prospère
on les a virés d'une secousse
disant : "nous gardons vos affaires
et vous emportez le couscous".
Cette histoire qui parait si folle
présente au moins un intérêt,
c'est d'apprendre à la métropole
tout le monde qu'elle ignorait
car nombreux sont ceux qui s'écrient
au restaurant d'une voix douce :
"ça existait donc l'Algérie !
puisqu'il existe le couscous !
Les Rapatriés d'Algérie
dans tout ça sont un peu bâtards
car ils ont quitté leur patrie
sous le choc d'un pied quelque part.
Mais las de les entendre geindre
ceux qui n'aiment pas se faire de mousse
leurs disent : "quoi, ! vous n'êtes pas à plaindre
puisqu'à Paris il y a du couscous !
Princes, si par quelques féeries
Bugeaud revenait... s'il disait :
" j'vous avais donné lAlgérie
qu'en fîtes vous ? " on répondrait :
"nous avons lâché le blé, le pétrole,
Oran, Bône et Béni-Messous,
mais la France qui n'est pas folle
n'abandonnera jamais le couscous ".